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13 mai 2008

Fabien (from Nice)

Bon, à mon tour de présenter mon texte, en espérant que les autres suivront. C'est plutôt sympa de lire les textes qui ont permis à chacun d'être sélectionné. Il y a vraiment de tout et le papier-type n'existe pas visiblement ! Le tout était d'être sincère. Après, chacun y mettait la forme qu'il voulait. Pour ma part, pressé par le temps (vu que je n'avais qu'une soirée pour écrire le texte sans dépasser les délais !), j'ai choisi de raconter ma petite vie de cinéphile. J'avoue que la démarche est un peu égocentrique et narcissique, mais en même temps, le but était aussi de parler de nous et j'étais pressé par le temps (Déjà dit ?) ! Bref, n'hésitez pas à critiquer si vous voulez, à me conduire au pilori ou à me faire des louanges ! lol Comme vous voulez !

Voilà la petite photo pour faire plaisir :

PICT0068

Oui, je me suis même pas re-représenter au fait : je m'appelle Fabien, j'ai 22 ans, j'habite Nice, fait des études en Journalisme et blablabla comme dirait Audrey...

Et voilà le Texte ! :) Bonne lecture !

Emois de cinéma.

Cinéma Paradiso. Philippe Noiret dans sa cabine de projection. Le Tema d’amore d’Ennio Morricone en fond sonore. Voilà l’émotion. Voilà la magie du 7ème Art. Voilà les vertus du cinéma. Pleurer, rire, s’attendrir, désirer, frissonner. En un mot : ressentir. Quelque chose. Parfois juste un instant. Une scène forte. Une lumière. Une musique. Un acteur. Un film ne peut pas se résumer à des images projetées aveuglément sur une toile. Il doit nous surprendre, quelle que soit la forme. L’émotion doit traverser l’écran, cueillir le spectateur que nous sommes et nous accompagner une fois le générique terminé. On n’oublie jamais un film qui nous émeut. Trop rares sont ceux qui marquent de leurs empreintes nos pensées et nos cœurs bien après leur projection. Les pérégrinations cinématographiques de chacun sont jalonnées d’œuvres diverses et variées. Voici un rappel non-exhaustif de mon cheminement personnel. De mon histoire avec le grand écran. Des raisons qui chaque fois me donnent envie de pousser les portes d’un cinéma, de m’asseoir dans mon siège et de sourire quand les lumières s’éteignent enfin. Quand je me fais victime consentante des émois du cinéma…

   

  Mes yeux d’enfant n’oublieront jamais Witness de Peter Weir. A peine plus âgé que le jeune Amisch, témoin d’un meurtre dans les toilettes d’une gare, je ne crois pas avoir de souvenir plus fort antérieur à ce film. La scène-clef de ce long-métrage nous montre l’enfant obligé de se cacher dans les cabines des toilettes pendant que le meurtrier vérifie méticuleusement les lieux qu’il croit désert. J’avais 8 ans, le héros aussi. Et la peur dans son regard avait fait naître la mienne. Je m’imaginais dans une situation similaire. Première fois qu’un film me mettait à l’épreuve et qu’il me plaçait dans la peau du personnage principal. Aujourd’hui encore, lorsque je revois ce film, je me souviens dans les moindres détails du lieu, du moment et de tout ce qui entourait ma première vision de Witness. Plus que d’avoir traverser l’écran, l’émotion a traversé le temps et reste à ce jour indélébile et délectable. La combinaison des deux m’obligent à penser qu’il s’agit là d’un modèle du genre, car il est parfois facile de tirer sur la corde sensible pour faire monter les larmes ; mais pour la faire perdurer, c’est une toute autre affaire.

  Ma « rencontre » avec Peter Weir m’a valu d’autres moments magiques. Le poignant Cercle des poètes disparus, l’énigmatique Mosquito Coast ou l’avant-gardiste Truman Show en sont les principaux exemples. Le point commun à tous ces films, c’est qu’ils nous poussent tous à une réflexion. Une réflexion née de l’émotion d’une scène, d’une réplique ou d’une morale. La leçon du Cercle des poètes disparus se résume en quelques mots : profiter du temps présent et cueillir les roses de la vie. Le précepte a été maintes fois éculée, mais la force du réalisateur australien est qu’il l’a rendu intouchable. La construction de son film et l’évolution de ses personnages font mouche à chaque fois. On ressort la boule au ventre, les yeux humides, avec une seule envie : sourire à la vie. Le talent d’un réalisateur peut suffire à faire naître la flamme ou la lueur dans les yeux d’un spectateur. Même bouleversante, une histoire mal filmée ou mal interprétée ne trouvera pas l’adhésion du public. L’émotion, c’est un tout.

  Parmi les films qui me reviennent en mémoire parce qu’ils ont provoqué chez moi une émotion, La liste de Schindler fait figure de référence. Si les puritains diront que Steven Spielberg a ressorti le cahier des charges du manuel du jeune premier (utilisation du noir et blanc, quantité de figurant et de moyens, thème du bien contre le mal et de la rédemption, etc…), ils auraient tort de limiter ce film à ses aspects techniques. Ce film prend aux tripes. Les images des camps de concentration soulèvent le cœur. La dernière scène en couleur où les familles des survivants se recueillent sur la tombe de Schindler est une réussite sur le plan émotionnel. Le chant en hébreux Yeroushalaim Chel Zahav repris en cœurs parachève ce moment de cinéma.

  Mes émotions devant un film sont rarement dissociables de la musique qui les accompagnent. Je nourris depuis quelques années maintenant une véritable passion pour les compositeurs de musique de film. La liste de Schindler sans la musique de John Williams n’aurait pas la même portée. La preuve m’a été donnée il y a deux ans. Lors d’un concert du compositeur attitré de Spielberg auquel j’assistais à New-York, un extrait du film a été joué. Les images me revenaient au fil de la mélodie. L’émotion était là. Pure. Intacte. Comme si le film était projeté devant moi. Voilà ce que j’aime dans le cinéma et sa musique, ce lien étroit qui les unit : provoquer quelque chose. Le dernier exemple en date pour moi remonte au film Atonement (Reviens-moi). Un long plan-séquence au milieu du film représente la bataille de Dunkerque. La musique monte crescendo vers un climax où des chœurs de soldats britanniques reprennent un chant de leur terre natale. L’image et le son au service d’une seule cause :  nous. Le spectateur. Et dans mon cas, le béophile qui sommeille en moi également. Je ne remercierai jamais assez Javier Navarrete pour son score du Labyrinthe de Pan, John Williams pour Munich, Nicola Piovani pour La vie est belle, Hans Zimmer pour sa Ligne rouge ou Bernard Hermann pour ses cultissimes Psycho ou Vertigo.

  La richesse de l’art en général, c’est qu’il existe autant d’émotion que de genre. Et heureusement que - comme les paragraphes précédents pourraient le laisser penser - je ne passe pas mon temps à me morfondre dans des drames épiques, sociaux ou historiques. Rire est une excellente thérapie. Encore faut-il trouver le bon médecin… Je n’ai pas de préférences pour une forme particulière d’humour. Mon baromètre pour juger est simple : il faut que le film me fasse rire, déclenche quelque chose. Humour potache ou outrancier, parodies, comédie plus fine et recherchée. Peu importe. Il existe de l’imbuvable dans tous ! Mais il existe aussi des perles ! De Charlie Chaplin aux frères Farrelly, la comédie a traversé les décennies. Je n’ai pas manqué de prendre le wagon en cours de route. Quand Harry rencontre Sally de Rob Reiner n’a pas grand chose à voir avec La cité de la peur des Nuls et pourtant, ils caracolent en tête des films qui ont marqué mes fous rires devant l’écran. Il me paraît difficile d’établir une règle spécifique pour expliquer pourquoi l’on rit. Parfois une situation, une réplique, une grimace, un contexte. D’autres fois un acteur, une histoire décalée, un décor kitsch à souhait ou un regard facétieux. Quatre mariages et un enterrement de Mike Newell ou Deux en un des frères Farrelly sont un assortiment parfait de tout ça.

Difficile de résumer mes 22 années de relation pleine et fidèle avec le Cinéma en quelques lignes. Je me remémore des moments de grâce comme celui de voir pour la première fois le générique de Star Wars défilé sur grand écran en 1999, de découvrir Jean Reno en tueur à gage dans le poignant Léon, de me laisser guider dans une salle en ne me fiant qu’au titre intriguant du film… et en ressortant de la projection des étoiles pleins les yeux. Un film qui s’appelait tout simplement Eternel sunshine of the spotless mind… Je revois la scène d’Un monde parfait de Clint Eastwwod où un enfant de 9 ans en pleurs se retrouve obligé de menacer d’une arme un homme pendant que Kevin « Butch » Costner danse avec sa femme une valse traditionnelle déchirante. Je réentends le saxo mélancolique de Taxi driver. Pleins de moments comme ceux-ci. La descente aux enfers des héros de Requiem for a dream. L’histoire d’amour en chanson de Satine et de son doux rêveur dans Moulin Rouge. Le choc que m’a procuré L’armée des douze singes par l’audace de son scénario.

Bref, le 7ème Art m’a souvent touché, parfois fait rire et fait monter les larmes, mais jamais lassé. J’aime qu’il me surprenne parce que j’aime me laisser surprendre. Bon public, je n’en demeure pas moins spectateur exigeant lorsqu’il le faut. Récemment, les frères Cohen m’ont déçu avec No country for old men, car je trouve l’œuvre inaboutie. Je ne la considère certainement pas comme le chef-d’œuvre que certains voient. Les frères Cohen nous ont habitués à mieux et il est inutile de fausser son opinion sous prétexte qu’il s’agit du « dernier Cohen » ! Oserai-je dire alors que Bienvenue chez les Ch’tis est mon dernier coup de cœur ciné ? Oui, sans aucun problème. 12 millions de personnes l’ont aimé avant moi. J’étais perplexe devant ce succès. Je le comprends à présent. Touchant et très drôle, le film jongle parfaitement avec les deux genres. Sans jamais trop en faire, ni tomber dans la légèreté. J’ai ri. De bon cœur. Comme rarement dans les salles obscures. Je n’ai pensé à rien. Je me suis laissé attendrir par les personnages. Je me suis évadé avec eux le temps d’un film, car c’est bien cela que je recherche. Une émotion, une évasion. Une même personne peut-elle aimer la comédie de Dany Boon tout en vouant sa plus grande admiration à Martin Scorsese, Alfred Hitchcock ou Alfonso Cuaron ? Je me plais à l’être. Quant à faire le grand écart entre David Cronenberg et Ben Stiller ou Abdelatif Kechiche et Jan Kounen, c’est un exercice auquel je me plie avec un plaisir non-dissimulé. Quand je me fais victime consentante des émois du Cinéma…

Fabien Morin

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