Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
We love ? We can(nes) !
15 mai 2008

J- pas beaucoup...

Portrait_2Pour tous ceux qui n'ont pas reçu mon mail de présentation (petit souci d'ordinateur...), je m'appelle Amélie, j'ai 19 ans, j'habite à Aix en Provence et je passe des concours d'orthophonie dans les 4 coins de la France. 

J'avais prévu de ne pas faire lire mon texte (un peu intimidée, un brin pudique et COMPLETEMENT overbookée!) mais comme vous avez tous l'air gentils et indulgents, le voici:

Dans une salle de cinéma défilaient les images de La Vie est belle. La musique « Nuit d’Amour » des contes d’Hoffman envahissait la salle. Sur l’écran, Guido, le personnage principal et sa « Principessa » sont réunis par la musique d’Offenbach qui s’élève dans le camp de concentration. On est en 1997, j’ai alors 9 ans et ne connais pour l’instant du cinéma presque que les chefs-d’œuvre de Walt Disney.

C’est à cet instant précis que pour la premières fois, j’ai senti couler sur ma joue cette drôle de larme qui ne défigure pas un visage mais l’embellit. Ce n’était pas une larme de tristesse, non c’était bien plus compliqué. Ce n’était pas non plus une larme de bonheur, c’était bien plus beau ! C’était une larme d’émotion.

Ce sentiment est propre aux salles de cinéma. On se sent concerné par une histoire à laquelle on ne participe pas. On s’attache à des personnages dont on sait qu’ils sont fictifs, on s’inquiète pour le déroulement d’une aventure quel que soit son degré de vraisemblance. C’est ça, la magie du cinéma. C’est une émotion inédite que seul l’art ou la nature peuvent nous offrir. Pour certains, elle naît d’un paysage, pour d’autres, d’un tableau, pour d’autres encore, d’un roman. Pour moi, j’ai découvert ce soir, à 9 ans, qu’elle naissait du cinéma.

Ma vraie rencontre avec le cinéma s’était pourtant faite deux ans plus tôt. En 1995, j’avais sept ans. Un jour d’automne, mes sœurs m’entrainent dehors de bon matin. A quelques mètres de ma maison, dans la forêt, se trouve un grand groupe de personnes.

D’imposantes machines sont disposées un peu partout, tout le monde s’active, et l’ensemble s’apparente à une fourmilière. Deux personnes sont habillées d’une manière pour le moins particulière, totalement anachronique, comme s’ils venaient du dix-neuvième siècle. Tout semble être un embrouillamini dépourvu de sens et de logique. On s’active dans un sens, puis dans l’autre, on déplace une machine puis on lui restitue sa place d’origine… Et, au milieu de tout ce galimatias, l’air terriblement concentré, un homme donne des ordres. Il n’a pas l’air désorienté par la fourmilière qui grouille autour de lui. Je comprends alors que ce que je croyais être un désordre indescriptible est en réalité une entreprise parfaitement organisée et dirigée par cet homme à l’allure sévère. Tout le monde agit selon ses ordres, le suit et l’écoute attentivement. J’entends alors ma sœur murmurer « C’est Jean-Paul Rappeneau ». Je m’approche tout en évitant de me faire emporter par la vague de cette foule en mouvement. Soudain, l’homme crie « En place » La fourmilière  cesse instantanément de s’agiter, comme au jeu « un deux trois soleil », tout le monde prend la pause.

Les deux habitants du dix-neuvième siècle s’animent alors. L’atmosphère est tendue. Tout le monde a les yeux rivés sur eux. Quelque chose m’effraie dans le trop plein d’attention qu’on leur porte. La scène est courte, ils s’appuient sur un arbre, regardent passer une armée de soldats. Ils ont peur. Aucun dialogue n’est échangé. Je ne vois plus leurs vêtements étranges. J’ai simplement peur pour eux. Quand le grand homme crie « couper », je peine à revenir sur terre.

Voilà donc ce que c’est que le tournage d’un film !! Toute une équipe qui travaille ensemble afin de créer une œuvre selon les désirs et sous l’œil attentif du réalisateur.

Quelques temps plus tard le film sort au cinéma. Il s’appelle Le Hussard sur le toit. Pendant plusieurs mois, il a été en montage. Le son, l’image, les plans, les coupures ont été façonnés. Que va-t-il rester de l’authenticité du jeu des acteurs et de l’émotion ressentie quelques mois auparavant ?

La scène de la forêt arrive, Angelo et Pauline s’appuient contre le gros arbre. J’oublie qu’il s’agit de la forêt derrière ma maison. J’oublie la fourmilière qu’on devrait entendre grouiller autour deux. J’oublie que je me trouve à quelques mètres de là, entourée de mes deux sœurs. C’est donc ça le cinéma ! Une création purement artistique et qui, pourtant, nous semble bien réelle et nous touche comme si nous la vivions.

J’ai longtemps été en quête de ces émotions perdues. Depuis plusieurs années je prends des cours de théâtre. J’y ai appris à créer un personnage, à l’habiter, à mettre en scène une pièce en créant un univers particulier. J’ai côtoyé les salles de cinéma et les locations de vidéos plusieurs fois par mois.

C’est donc sans surprise que, huit ans après ma rencontre avec le grand écran, je me suis installée pour la première fois, à mon tour, derrière la caméra. J’ai mis à profit tout ce que j’avais pu observer au cinéma, dans des cours-métrages de 20 à 30 minutes, puis 40 lorsque je devenais plus ambitieuse.

Tout le monde était mis à contribution. Ma mère s’improvisait costumière mes frères et sœurs devinrent les figurants principaux de chacune de mes productions, si bien qu’ils apparaissaient dans quasiment chaque scène. Mon frère se parait d’une casquette pour jouer l’adolescent, d’une serviette sur le bras pour jouer le serveur ou d’une fausse moustache pour devenir un vieil homme.

Les rôles principaux étaient tenus par les comédiens de mon groupe de théâtre, qui, bénévolement, m’offraient de leur temps. Moi derrière la caméra, je tâchais tant bien que mal de faire un régner l’ordre sur ce plateau improvisé. Je jouais mon rôle de réalisatrice avec le plus grand sérieux. Quand venait le moment du montage le travail consistait à ne pas dénaturer les images, à les mettre en valeur et en relation les unes aux autres sans leur ôter leur spontanéité. Je mettais un point d’honneur à conserver l’émotion originale dégagée par les comédiens.

Dans un cinéma, chacun est capable, comme un enfant, de passer d’un état à un autre en l’espace d’une seconde. Du rire aux larmes, comme on dit. Chacun réagit à sa manière. Les peureux se cachent derrière un manteau, les émotifs laissent les larmes couler, les pudiques tentent de les contenir...

Le cinéma nous fait voyager entre une multitude d’émotions. Pour cela, chaque réalisateur use de procédés qui lui sont propres. Chacun à sa recette fétiche, ses combines et ses ficelles. Pour Jean-Pierre Jeunet, par exemple, son originalité repose dans sa façon de manier la caméra. Cette caméra qui multiplie les perspectives en variant les échelles et les points de vue. Pour Tarantino, c’est la musique, intimement liée avec les scènes de ses films. Pour Klapish, il s’agit de la finesse des dialogues. Pour Tim Burton, les émotions proviennent de la création d’un univers totalement fantasmagorique.

Oui, quelles que soient la taille et l’ambition du projet, le cinéma est une fabuleuse manière de partager des émotions. La création d’un film consiste à retranscrire des émotions, à les mettre en scène et à les exhausser sans jamais les altérer. C’est donc ça le plus grand pari du réalisateur : conserver, tout au long de la préparation d’un film, l’émotion qu’il ressentait lors de la toute première ébauche du scénario dans le but de les rendre accessibles de les partager avec le spectateur.

Publicité
Publicité
Commentaires
B
Amélie nous sommes fières de connaître une future Star mais un peu intimidés.<br /> "Les Admirateurs Anonymes Gangeois"
We love ? We can(nes) !
Publicité
Publicité