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12 mai 2008

"La première larme" de Nicolas Kersiak

Texte de 2 à 4 pages sous forme libre (critique, poésie, chanson, conte…)  exprimant votre rapport au cinéma et aux films à travers le thème suivant : L’émotion.

  La première Larme ©

Nous sommes dans un futur pas si lointain, quelques décennies après le début du 21ème siècle.

Les technologies ont poursuivi leurs avancées et de nombreuses choses que nous croyons éternelles ont disparues. L’économie de marché et la consommation de masse ont amenées les hommes à remplacer le mot plaisir dans leur vocabulaire par les mots : Rentabilité et compétitivité. Le cinéma fut une des premières victimes de ce changement de pensée. En l’an 2018, plus aucune salle publique n’était en activité…Les quelques résistants qui organisaient des projections clandestines furent victimes de rafles organisées par les dirigeants autoproclamés de L’OMEU… (Organisation Mondiale de l’Equilibre Universel). Les membres de L’OMEU dirigeaient les médias, et avaient anéanti tout moyen d’expression en quelques années. Toutes les formes d’Art disparurent officiellement le 3 Août 2037. Le lavage de cerveau opérait, et durant de nombreuses années les humains ont vécu tels des fourmis…L’humanité disparut peu à peu.

Afin de conserver à jamais leurs pouvoirs sur la population mondiale, les membres de l’OMEU ont modifié l’Humain que nous connaissions, en « cybernetic organism ». Le contrôle était total et la durée de fonctionnement de ces organismes était sans limite.

Maria 1985, une femme jadis, était l’un de ces organismes.

La tâche attribuée à Maria 1985 était la récupération et la destruction de tout objet datant de l’ère « pré OMEU ».

Mais Maria était un « cybernetic organism » différent. Ce jour, elle trouva un courrier datant de l’an 2008. Dans ce courrier, il y avait 4 photos d’identités ainsi que plusieurs documents papier.

Pour la première fois, Maria se mit à lire un de ces documents.

Il était écrit ceci :

Le cinéma n’a pas toujours fait partie de ma vie. En fait, le cinéma et les films sont entrés en moi au moment où mon père est parti…et n’en est jamais sorti.

La petite sirène  de Walt Disney fut mon premier souvenir (et mes premières larmes !) de Cinéma. Mon père m’y avait emmené, c’était en 1990. Puis suite au divorce de mes parents, le cinéma est devenu le rendez-vous immanquable avec mon père, lorsque je lui rendais visite.

On dit qu’aimer, ce n’est pas se regarder dans les yeux mais de regarder dans la même direction…c’est peut-être pour cela que j’aimais aller au cinéma. Pendant 2h, on regardait dans la même direction et on partageait beaucoup…

L’adolescence arrivait : mon père me manquait et plus intenses furent les films que je pouvais partager à ses cotés. Mes émotions étaient exacerbées…

Evidemment j’ai découvert de nombreuses histoires jusqu’à ce qu’un film m’éclaircisse tous les autres. C’était « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain » de Jean-Pierre Jeunet et il agît sur moi tel un miroir. Me reflétant ce que je n’arrivais pas encore à comprendre en moi. Je me suis surpris à autant rire que pleurer. Il m’a donné envie d’aimer, mais surtout il m’a fait comprendre ce qui m’attirait tel un aimant vers les salles obscures : ce sont les émotions que je peux ressentir en voyant un film. Emotions, ce mot fut la clef. Depuis, dans ma vie quotidienne, j’aspire au même idéal : m’émouvoir autant que possible.

Je réfute Descartes et lui réponds : Je suis ému donc je suis !

Mon adolescence, c’était au fond d’un fauteuil rouge, dans une salle de cinéma ; Devant un film où je me sentais vivant !

Après ce film, je suis devenu un véritable cinéphile, en poursuivant ma quête d’émotion, ma quête de vie. Comme il se doit, j’ai partagé ces émotions avec mon père, par téléphone, tant que nous étions séparés.

Ma quête d’émotions grandissant, j’ai cherché à émouvoir les gens à mon tour. En écrivant mes propres histoires et en rêvant de réaliser mes propres films.

A l’âge de 17 ans, j’ai pris mes premiers cours de théâtre ; avec le temps et l’absence, l’Envie devient Besoin.

En parallèle de mes études de commerce, j’ai découvert la vérité des émotions et l’échange : l’humanité en somme, est l’essence même du Cinéma.

Comme l’a dit l’actrice américaine Glenn Close : « Le cinéma, ce n'est rien d'autre en fait que de pouvoir lire l 'âme de quelqu'un juste en regardant ses yeux. »

A l’âge de 20 ans, ma décision est prise : ma vie sera dirigée par mes émotions, par ce qui touche, émeut, fait trembler, vibrer. Par ce qui trouble, exalte, affole, agite, attendrit, bouleverse, révolte, choque, fait souffrir, ébranle, embarrasse, épouvante, fait frissonner, inquiète, inspire, plait, séduit, sensibilise, transporte…

Tout cela sera sur mon chemin et je le susciterai aux autres. Je pars à Paris pour devenir Comédien.

Plus j’avance sur ce chemin, et plus je découvre qu’il est ductile et cela me transporte.

Désormais je vais au cinéma, plus que jamais. Je ne peux citer les films qui m’ont touchés tant ils sont nombreux maintenant.

« Into the Wild » de Sean Penn, fut la dernière séance que j’ai partagée avec mon père et mon oncle à nos côtés. Il est décédé il y a 1 an maintenant.

Le personnage de Christopher « Supertramp » lui ressemblait beaucoup, ils avaient le même romantisme…

Le Cinéma a aussi ce pouvoir, celui de ressusciter les souvenirs…

Le Cinéma, cet Art où nous sommes des milliers, jours après jours à partager nos émotions au même instant. Car c’est un peu une communion, il y a parfois des instants magiques :

Quand le film se termine et que les spectateurs applaudissent alors qu’il n’y a personne à acclamer. J’aime encore rester quelques instants, comme pour conserver au maximum la saveur de mon émotion. J’aime aussi voir toutes ces personnes qui sortent des autres salles. Chacun parle du film qu’il vient de voir et moi qui suis encore sous l’émotion des larmes que je viens de verser, je les surprends à avouer combien ils ont été effrayés ou très amusés.

Mais, il y en a certains qui disent : « putain 10€ pour une daube ! » même çà j’aime parce que comme le disait Georges Cukor : « Le cinéma, c'est comme l'amour, quand c'est bien, c'est formidable, quand c'est pas bien, c'est pas mal quand même. »

J’aime ressortir d’un film avec un regard différent sur le monde…

Les films qui arrivent à provoquer cela chez moi, leurs vies continuent en DVD. J’achète mes films dans le but de les faire voir à mes amis : « Quoi, t’as pas vu çà ? Tiens-toi près, ça va te toucher à l’âme. Je te le ramène demain… (Le temps que je passe l’acheter.) »…pour que l’émotion jamais ne se perde.

Tant que je pourrai explorer l’infinie densité des émotions humaines et de les partager à travers le Cinéma, je lui resterai fidèle. Comme l’Amour d’un fils pour son père !

Nicolas Kersiak

Une larme naquit au creux de l’œil de Maria et ruissela lentement le long de sa joue. Quelques instants plus tard, sa peau factice prit une couleur ocre : de la rouille apparut le long du sillon de la larme.

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